samedi 26 avril 2014

C'est le Printemps, au Canada


C’est le printemps, au Canada. Le vilain vent s’en est allé.
Sur le chemin pour travailler, il y a 7 vers au mètre carré.
C’est le printemps, au Canada.
~
Jacques prévers.

(Oui, je suis en retard pour faire mes articles. En grand grand retard. Mais ça se passe bien, ici.)

lundi 7 avril 2014

Tu peux-tu faire ton compte-rendu de ta semaine ?

Si on considère que je suis arrivé au Canada le Lundi 31 Mars, cela fait donc une semaine que je suis ici. Le début de mon stage, initialement prévu pour le 31, avait été reporté au Mercredi 2 Avril. Cela me laissait une journée complète pour découvrir les environs et ma "nouvelle vie" ici.

Déjà, pour commencer, je loge chez Jesse Mea, professeur et chercheur à l'Université, dans le département de physique et d'astronomie, où je fais également mon stage. Monsieur Mea est super, mais alors super cool ! Il a l'accent, le sourire et la vivacité du Canadien ! Monsieur extrêmement sympathique, il est également musicien (pianiste) et entreprend de laisser la recherche de côté pour le jazz. Toujours tout sourire, génial, Monsieur Mea. Génial.

(j'ai pas plus grand, j'ai pris sa photo sur le site de la fac, ahah)

J'habite donc chez Jesse, en collocation avec André Luc Cormier. En fait il s'appelle André tout court, mais quand il était petit, il a appris à se présenter comme ça, alors c'est resté. Les gens l'appellent André Luc. Je dis juste André, c'est plus court.

(le sieur André Luc, et la luxueuse cuisine.)

J'ai jamais été en collocation avant. On a rapidement discuté de nos centres d'intérêt et, pour la vie quotidienne, de nos principaux défauts. Il se trouve que nous avons les mêmes, donc la vie communautaire s'annonce facile (et négligée) ! 
Pour la survie, le centre d'achats le plus proche est à 30 minutes à pied. La route descend beaucoup à l'aller, et donc monte beaucoup au retour, c'est pourquoi on prend un taxi. Apparemment, c'est un système courant : une ligne directe vers un opérateur est installée à la sortie du supermarché. Vu le poids des sacs, c'est vraiment obligatoire.

André a un bac de physique (l'équivalent de nos licences). Maintenant, il corrige des copies et rapports de laboratoire, travaille peu et survit comme ça.
On a profité du Mardi pour explorer un peu le campus. Et, pour passer au bâtiment des sciences, tous les jours, je passe devant ça :


Alors, ça, c'est génial pour deux raisons. La première, c'est que c'est le bâtiment de psycho, et donc de base c'est super cool. La deuxième, c'est que sur le toit de ce bâtiment de psycho, il y a un télescope. dans. une. coupole. Un vrai de vrai ! Et il y a des sessions d'observation une fois par mois ! Fichtredouilletterie et sacrebidance ! °A°

A cette époque, je ne savais pas que j'irai y faire un tour très bientôt (à l'heure de l'écriture, j'en reviens. Je raconte ça une autre fois mais, teaser, c'est trop bien.)

Je n'ai pas particulièrement de photos du campus. C'est un peu dommage, parce que la neige commence à fondre, mais je n'ai pas trouvé quelque chose qui valait le coup d'être pris en photo. En gros, ce sont pleins de bâtiments, mais très espacés. Il y a -je suppose, en été- pas mal d'espaces verts. Peu d'arbres, peu de sapins, mais juste de grands espaces. De petits chemins serpentent entre les bâtiments. J'ai environ une quinzaine de minutes de marche pour arriver au bâtiment des sciences. La bâtisse est en forme de chromosome X, chacune des ailes est un service en particulier : mathématique appliquée, physique et astronomie, biologie, biochimie et à l'étage il existe également une branche informatique. Au centre se trouve une grande salle circulaire avec au milieu un escalier en colimaçon. Tout en bas, on trouve une toute petite cafétéria de dépannage (pizza/sandwich) et quelques tables pour se poser. Mais moi, je reste dans mon département de physique, et j'y suis bien.

(université de Moncton... ma source d'images principale. Ouais.)

Mercredi, j'ai rencontré mon tuteur, le professeur Serge Gauvin (à droite de l'image). Avec le professeur Jean Desforges (à gauche), il est chercheur et étudie les fluctuations du vide. Ses recherches l'ont mené à s'intéresser aux couches minces et aux dispositifs électroluminescents organiques, plus précisément les Diodes Electroluminescentes Organiques (les DiElO). Ce sont les composants que je vais étudier durant ces 12 semaines.
Monsieur Gauvin est drôle et très sympathique. "Fou, mais pas dangereux !" déclare-t-il à qui veut l'entendre. Dans son bureau, quand il parle assis sur sa chaise, il se balance d'avant en arrière tout en faisant pivoter sa chaise, les mains posées sur son ventre. En clair, c'est un bon bonhomme, agréable et amusant. Fier défenseur de la langue française, il déplore l'invasion des anglicismes, même s'il aime le chiack, le dialecte du Nouveau-Brunswick et sorte de franglais aux règles peu établies.

Monsieur Gauvin est plein de conseils. "Les politiques disent et présentent le Nouveau-Brunswick comme un modèle de syncrétisme culturel. C'est une province bilingue, au summum de l'intégration entre les deux cultures ! Une fierté ! Mais en fait, ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'au Nouveau-Brunswick, il faut préciser que ce sont les francophones qui sont bilingues..."

Le début du stage coïncide avec les deux dernières semaines de partielles. Les professeurs sont donc débordés, et certains étudiants aussi. Pour commencer, mercredi, on m'a donné de la lecture, "pour me remettre à niveau". Jeudi, j'ai commencé à étudier quelques montages à base d'amplificateurs opérationnels (AOPs), et cette même tâche m'a occupé tout le vendredi. J'avance très lentement et bloque souvent, mais Monsieur Gauvin m'a dit qu'il était très satisfait. J'essaie de faire de mon mieux. Je pendrai des photos de la petite pièce qui m'a été donnée pour travailler.

J'arrive à 9H et devrais partir dans les environs de 17H. En vérité, je pars plutôt vers 17H30 ou 18H, pour arriver jusqu'au moment où je bloque. A ce moment, je note mes questions pour jour suivant, et je m'en vais.


Parlons de la neige. Comme je suis un touriste, je prends des choses en photo. Des choses très improbables, pour un Canadien. Cette photo, plus haut, là, c'est de la slosh. Ca n'a pas vraiment d'équivalent en France, mais quand c'est prononcé, on comprend pour ainsi dire que c'est de la merde. C'est de la glace pilée, fondue et pleine d'eau, ça fait des flaques et parfois, au fond, y'a du verglas. Donc ouais, c'est de la slosh. Et pour un Canadien, prendre en photo de sa slosh, c'est aussi intéressant que de photographier l'intérieur de sa poubelle.

(bon, là, c'est triste parce que ça a déjà un peu fondu, mais ça faisait ma taille, à mon arrivée.)

Ce gros tas, celui qui fait ma taille, c'est celui que j'ai devant ma maison !! :D
Heh oui, le machin qui dépasse, avec quelques briques, c'est mon chez-moi.

On va finir avec ce faisan que j'ai aperçu quand je me suis baladé jusqu'à la ville (40 minutes à pied pour atteindre la seule rue du centre ville : "la rue Main, rue principale",  composée exclusivement de bars/pubs et restaurants. C'est l'unique centre ville. Une seule rue. Fichtre.)
Ce faisan, donc, était d'un côté d'une butte de neige, et moi de l'autre. Quand j'allais d'un côté, il partait pour m'éviter. Pour obtenir ce cliché, j'ai bien passé 3 bonnes minutes à jouer à cache-cache avec lui ! è_é

Voilà qui clôture ce résumé de première semaine. Je me garde un peu de matière sous le coude pour raconter les étrangetés la prochaine fois, notamment cette soirée à l'observatoire, parce que ça c'était super cool. Ouais.

mardi 1 avril 2014

Une très très longue Journey



"Jour Zéro", je suppose. Départ Orly. Enfin, non. Départ Tours, à 8 heures (9heures). Orly à 13H55, donc.

Au moment d'embarquer j'avais tellement manipulé et vérifié mes documents, mon passeport et mon carnet que c'est ce dernier que j'ai tendu à l'officier pour l'enregistrement. J'ai retrouvé mes collègues et j'ai pris mon premier vol. Direction Londres où, par la magie du décalage horaire, j'arrive à la même heure qu'à mon départ.

Ce premier vol était fantastique. Au début, il ne se passe rien. Et puis on commence à bouger. Par le hublot on peut voir les pavés au sol qui défilent. D'abord un, puis deux, puis trois et ça va de plus en plus vite, alors arrive un moment où on ne peut plus les compter, ça accélère de plus en plus et tout d'un coup on se retrouve écrasé dans son siège comme dans les montagnes russes et ça y est, on a décollé mais ça continue de monter, encore et encore, et nous avec, jusqu'à ce que les maisons, les routes et les gens ne soient plus distinguables, là, tout en bas. La seule chose qu'on voit bouger, c'est le reflet du soleil sur le capot des voitures en marche. 

C'est joli. Ca fait des p'tits points blancs qui avancent et qui brillent, comme des gouttes qui dégoulinent dans un tube en verre servant de route.

Durant la descente ça retourne le ventre. On a l'impression d'être en chute libre par à-coups. 
Quand l'avion veut atterrir, il tourne autour de l'aéroport comme un vautour. A ce moment là, il penche énormément, et du hublot on découvre le sol. J'étais le premier à voir les côtes anglaises.
L'avion s'est posé, et je suis reparti.

Même à 800km/h, c'est long, de traverser l'Atlantique. Avec tous les décalages horaires, j'avais perdu la notion du temps. 
Un avion vole à 10 000 mètres d'altitude. A cette hauteur, le ciel est divisé en deux, comme une ligne d'horizon : en haut le ciel d'un bleu uniforme, en bas une mer de nuages. Et dans les abysses la croûte terrestre et l'eau profonde.
Si la Terre était une pomme, l'épaisseur de l'atmosphère serait égale au tiers de l'épaisseur de sa peau. Fusse-t-elle plus fine que la vie n'aurait probablement pas existé.

Après moult divagations philosophiques, un demi livre et 3 siestes, nous arrivons enfin à Montréal. 

J'attends. Je passe la douane. J'attends encore. J'obtiens mon permis de travail. J'attends mon prochain vol. Il est presque 21 heures et mon avion pour Moncton est à 6H30. Je dois dormir dans l'aéroport. Dépaysé, je mange dans un subway comme un idiot qui ne sait pas manger dans un subway. Je souris et ris, alors les gens entament la conversation. Je passe un agréable repas avec un marocain québécois, puis cherche un endroit où dormir. Il y a des banquettes, à l'étage. Je m'y pose, tente de m'y allonger à moitié, et dors d'un oeil. L'enregistrement doit se faire à 3h du matin.

Mes collègues dorment dans un hôtel. Ils ne le savent pas encore mais leur avion est annulé. C'était la seule fois où leur vol était différent du mien. La météo est mauvaise : une tempête de neige fait rage depuis une semaine sur le Nouveau-Brunswick. Mon vol est retardé. De 6H, il passe à 8H, puis midi. A midi nous partons. L'avion est minuscule. Il tangue.

La météo n'est pas clémente. Tel quel, si on emporte les valises, il sera impossible de décoller. Les bagages arriveront par le vol de 15H, dans un avion plus gros.
On décolle une fois de plus, et le ciel est blanc. Il y a beaucoup de bruit.
Vers le milieu du vol, on nous annonce que la météo fait qu'on avance trop lentement et qu'on aura pas assez d'essence. On retourne donc se poser à Montréal. Je ne sais plus quelle heure il est, mais j'attends de nouveau.

Durant cette attente, je fais la connaissance de Margot Roulland, étudiante en Master 1 de Communication à Bordeaux. Elle est attendue à Moncton par Monsieur Francis Weil, qui est un ami de Monsieur Mea. Monsieur Mea est le contact qui m'attend à l'aéroport de Moncton (je loge chez lui). Monsieur Mea et Monsieur Weil se sont arrangés : Monsieur Weil viendra nous chercher Margot et moi à l'aéroport de Moncton.

Comme Margot et moi sommes dans le même vol, nous attendons ensemble que la tempête se calme en discutant. A un moment, nous embarquons à nouveau, volons environ trois heures et arrivons... à Halifax.

Halifax est la capitale de la Nouvelle Ecosse, la province voisine du Nouveau-Brunswick. Comme la tempête empirait, se poser à Moncton était impossible. Air Canada nous paye donc une nuit dans l'hôtel à côté de l'aéroport, ainsi qu'un repas.

La chambre était spacieuse ! Après plus de 40 heures de voyage, j'étais bien content !
Détail amusant. J'étais au 14ème étage. Margot était au 12ème. Pourtant, dans l’ascenseur, le temps à attendre entre nos deux étages me semblait anormalement court, jusqu'à ce que je réalise qu'il n'y avait pas de treizième étage ! Evidemment ! Huhuhu, les canadiens sont de petits superstitieux. A croire qu'être au treizième étage pourrait avoir des conséquences néfastes, hahahahaha. 

...
"Tous les vols sont annulés jusqu'à nouvel ordre."

... Bien. Me voici puni pour mon orgueil. Il ne faut pas rire des superstitions au Canada, apparemment. Et bien, si la voie des airs est inaccessible (les voies célestes sont impénétrables ?), nous iront par voie terrestre ! Air Canada redirige les passagers vers des autocars. Fini, l'écrasement du décollage et du vertige à l'arrivée, nous allons par la route ! On peut voir le paysage, les arbres écrasés par le poid de la neige et de la glace, les stalactites qui pendent des fils électriques et les montagnes de neige empilées sur les bords de la route. Au bout d'environ 3 heures, nous arrivons à notre étape finale, l'aéroport de Moncton.


(il fait bon arriver et attendre Monsieur Weil.)

Nous attendons Monsieur Weil durant 1H30 : à cause de la météo, une coupure de courant paralyse la ville et les feux de signalisation. Il me dépose chez Monsieur Mea et ceci signe à la fois la fin de mon périple et le début d'une nouvelle vie. Mais ça j'en parlerai une prochaine fois.


( )
(on vend d'étranges choses dans un aéroport au Canada. J'en aurai bien pris un dans ma valise...)