mardi 1 avril 2014

Une très très longue Journey



"Jour Zéro", je suppose. Départ Orly. Enfin, non. Départ Tours, à 8 heures (9heures). Orly à 13H55, donc.

Au moment d'embarquer j'avais tellement manipulé et vérifié mes documents, mon passeport et mon carnet que c'est ce dernier que j'ai tendu à l'officier pour l'enregistrement. J'ai retrouvé mes collègues et j'ai pris mon premier vol. Direction Londres où, par la magie du décalage horaire, j'arrive à la même heure qu'à mon départ.

Ce premier vol était fantastique. Au début, il ne se passe rien. Et puis on commence à bouger. Par le hublot on peut voir les pavés au sol qui défilent. D'abord un, puis deux, puis trois et ça va de plus en plus vite, alors arrive un moment où on ne peut plus les compter, ça accélère de plus en plus et tout d'un coup on se retrouve écrasé dans son siège comme dans les montagnes russes et ça y est, on a décollé mais ça continue de monter, encore et encore, et nous avec, jusqu'à ce que les maisons, les routes et les gens ne soient plus distinguables, là, tout en bas. La seule chose qu'on voit bouger, c'est le reflet du soleil sur le capot des voitures en marche. 

C'est joli. Ca fait des p'tits points blancs qui avancent et qui brillent, comme des gouttes qui dégoulinent dans un tube en verre servant de route.

Durant la descente ça retourne le ventre. On a l'impression d'être en chute libre par à-coups. 
Quand l'avion veut atterrir, il tourne autour de l'aéroport comme un vautour. A ce moment là, il penche énormément, et du hublot on découvre le sol. J'étais le premier à voir les côtes anglaises.
L'avion s'est posé, et je suis reparti.

Même à 800km/h, c'est long, de traverser l'Atlantique. Avec tous les décalages horaires, j'avais perdu la notion du temps. 
Un avion vole à 10 000 mètres d'altitude. A cette hauteur, le ciel est divisé en deux, comme une ligne d'horizon : en haut le ciel d'un bleu uniforme, en bas une mer de nuages. Et dans les abysses la croûte terrestre et l'eau profonde.
Si la Terre était une pomme, l'épaisseur de l'atmosphère serait égale au tiers de l'épaisseur de sa peau. Fusse-t-elle plus fine que la vie n'aurait probablement pas existé.

Après moult divagations philosophiques, un demi livre et 3 siestes, nous arrivons enfin à Montréal. 

J'attends. Je passe la douane. J'attends encore. J'obtiens mon permis de travail. J'attends mon prochain vol. Il est presque 21 heures et mon avion pour Moncton est à 6H30. Je dois dormir dans l'aéroport. Dépaysé, je mange dans un subway comme un idiot qui ne sait pas manger dans un subway. Je souris et ris, alors les gens entament la conversation. Je passe un agréable repas avec un marocain québécois, puis cherche un endroit où dormir. Il y a des banquettes, à l'étage. Je m'y pose, tente de m'y allonger à moitié, et dors d'un oeil. L'enregistrement doit se faire à 3h du matin.

Mes collègues dorment dans un hôtel. Ils ne le savent pas encore mais leur avion est annulé. C'était la seule fois où leur vol était différent du mien. La météo est mauvaise : une tempête de neige fait rage depuis une semaine sur le Nouveau-Brunswick. Mon vol est retardé. De 6H, il passe à 8H, puis midi. A midi nous partons. L'avion est minuscule. Il tangue.

La météo n'est pas clémente. Tel quel, si on emporte les valises, il sera impossible de décoller. Les bagages arriveront par le vol de 15H, dans un avion plus gros.
On décolle une fois de plus, et le ciel est blanc. Il y a beaucoup de bruit.
Vers le milieu du vol, on nous annonce que la météo fait qu'on avance trop lentement et qu'on aura pas assez d'essence. On retourne donc se poser à Montréal. Je ne sais plus quelle heure il est, mais j'attends de nouveau.

Durant cette attente, je fais la connaissance de Margot Roulland, étudiante en Master 1 de Communication à Bordeaux. Elle est attendue à Moncton par Monsieur Francis Weil, qui est un ami de Monsieur Mea. Monsieur Mea est le contact qui m'attend à l'aéroport de Moncton (je loge chez lui). Monsieur Mea et Monsieur Weil se sont arrangés : Monsieur Weil viendra nous chercher Margot et moi à l'aéroport de Moncton.

Comme Margot et moi sommes dans le même vol, nous attendons ensemble que la tempête se calme en discutant. A un moment, nous embarquons à nouveau, volons environ trois heures et arrivons... à Halifax.

Halifax est la capitale de la Nouvelle Ecosse, la province voisine du Nouveau-Brunswick. Comme la tempête empirait, se poser à Moncton était impossible. Air Canada nous paye donc une nuit dans l'hôtel à côté de l'aéroport, ainsi qu'un repas.

La chambre était spacieuse ! Après plus de 40 heures de voyage, j'étais bien content !
Détail amusant. J'étais au 14ème étage. Margot était au 12ème. Pourtant, dans l’ascenseur, le temps à attendre entre nos deux étages me semblait anormalement court, jusqu'à ce que je réalise qu'il n'y avait pas de treizième étage ! Evidemment ! Huhuhu, les canadiens sont de petits superstitieux. A croire qu'être au treizième étage pourrait avoir des conséquences néfastes, hahahahaha. 

...
"Tous les vols sont annulés jusqu'à nouvel ordre."

... Bien. Me voici puni pour mon orgueil. Il ne faut pas rire des superstitions au Canada, apparemment. Et bien, si la voie des airs est inaccessible (les voies célestes sont impénétrables ?), nous iront par voie terrestre ! Air Canada redirige les passagers vers des autocars. Fini, l'écrasement du décollage et du vertige à l'arrivée, nous allons par la route ! On peut voir le paysage, les arbres écrasés par le poid de la neige et de la glace, les stalactites qui pendent des fils électriques et les montagnes de neige empilées sur les bords de la route. Au bout d'environ 3 heures, nous arrivons à notre étape finale, l'aéroport de Moncton.


(il fait bon arriver et attendre Monsieur Weil.)

Nous attendons Monsieur Weil durant 1H30 : à cause de la météo, une coupure de courant paralyse la ville et les feux de signalisation. Il me dépose chez Monsieur Mea et ceci signe à la fois la fin de mon périple et le début d'une nouvelle vie. Mais ça j'en parlerai une prochaine fois.


( )
(on vend d'étranges choses dans un aéroport au Canada. J'en aurai bien pris un dans ma valise...)


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